Comment le malheur des autres vous aide à surmonter le vôtre...

Il y a environ... 1 mois de cela, aux environs de 8 h 30 j'entends un bruit inhabituel dans le grenier... d'abord une sorte de roulement... un peu comme le tonnerre en montagne mais au loin... suivi d'une sorte de battement comme un volet mal fermé...
Je me dis : "Mais qu'est-ce qu'il se passe dans ce grenier !" et comme je n'y ait pas accès, je me dis que je vais appelé le propriétaire dans la journée pour qu'il aille y voir...
Puis je vaque à mes occupations, j'ai la maison qu'une truie n'y retrouverait pas ses cochons, j'étais pas là la veille et je suis revenue la voiture pleine de courses que je n'ai pas eu le courage de ranger... et je veux faire une potée, donc en fille organisée, si je veux ma potée pour midi il me faut commencer par ça... je descend donc au jardin me chercher du thym et en remontant je vois une dame sortir de sa voiture et m'interpeler :
- Vous n'avez pas vu mon fils ?
- Votre fils ?
- Oui, le monsieur qui a le jardin à côté du vôtre
Je me tourne vers la maison... effectivement lers volets sont fermés, bizarre, il se lève tous les matins à 7 h (je vois la lumière en sortant ma chienne) Bon, elle me dit qu'il est en congé... donc... il s'est peut-être couché tard... mais, elle a l'air angoissée et elle me confie qu'il ne répond pas depuis la veille...
A ce moment là, mon mari arrive, elle me dit qu'elle a... peut-être les clés... elle va voir au garage, la voiture est là... alors je dis à mon mari :
- Va voir si c'est les bonnes clés, mais rentre le premier, ne la laisse pas rentrer elle...
Manque de bol, ce ne sont pas les clés, que faire ? Je suggère à mon mari d'appeler les pompiers...
Et voilà t'y pas qu'elle me dit :
- Je ne pourrai pas m'asseoir ?
Ben voyons... vu l'état de ma maison, manquait plus que ça, mais que faire ? j'allais quand même pas lui sortir une chaise sur le trottoir ! Et je ne sais pas si vous l'avez expérimenté mais c'est toujours quand ce n'est pas le moment que ça vous tombe dessus ! Je n'avais pas fait la vaisselle, pas balayé, mes courses étaient par terre et le linge étendu sur une corde entre 2 portes... bien hein ?
Je l'ai donc faites rentrer, les pompiers sont arrivés, je leur ai montré comment entrer dans le jardin, on a fait venir la maire, pour casser une vitre... ils entrent... personne, rien...
Et, d'un coup... je me rappelle le bruit, alors je vais les voir et je leur dit... ils se précipitent au grenier et il était bien là... pendu et mort bien entendu, depuis 8 h 1/2...
J'ai eu, la mère, les pompiers, la maire, le médecin et les gendarmes jusqu'à 17 h dans ma porcherie ! Ma réputation est faite !... bon je m'en fiche un peu, je souris à la pensée de la tête du médecin qui a du se laver les mains au-dessus d'un évier encombré de vaisselle sale
Venons-en au fait, cette dame a perdu son mari il y a 6 ans dans un accident de voiture où elle-même a failli laisser la vie, elle n'a pas assisté aux obsèques, elle était dans le coma... et elle n'avait plus que ce seul fils, 39 ans (comme mon fils)...
He bien vous savez quoi ? Je me suis d'un coup senti presque "chanceuse"... pourquoi ?
1) j'avais eu 6 mois pour me "préparer"
2) j'en ai été jusqu'à souhaité qu'il meure pour mettre fin à ses souffrances
3) j'ai un mari
4) il me reste 3 enfants et 18 petits enfants
J'étais désespérée pour cette pauvre femme qui se retrouvait brutalement seule au monde...
Mais elle va bien, elle vient ouvrir la maison tous les matins, elle travaille au jardin, elle est souriante... et je me dis qu'elle est beaucoup plus forte que moi qu'un an après je ne me suis toujours pas remise de la mort de mon fils... je ne sais pas comment elle fait, mais à moi cela m'a permis je crois de reprendre le dessus en me disant que finalement, je n'étais pas aussi malheureuse que ça... que cela aurait pu être bien pire...

Le plus étonnant... elle répétait comme un leitmotiv : "Mais qu'est-ce que je vais faire de toutes ses maisons ?", "Mais qu'est-ce que je vais faire de toutes ces terres ?", toute la journée elle a répété cela, sans arrêt comme une ritournelle, le soir j'étais épuisée et je suis allée me coucher dès le repas fait (nous avions "sauté" le repas de midi)

Le malheur des autres n'effacent pas nos propres douleurs, mais la compassion pour leur malheur atténue les nôtres.