Le saint patron des cocus

Eh oui, il a existé ! Bien sûr, une partie de ce qui suit est du domaine de la légende .
Il s'appelle Gengoux, il vivait au temps de Pépin le Bref dont il était l'ami, il était comte de Varennes et de Bourgogne.
Il était soldat et mourut martyr de la foi en 763. Doublement martyr : il fut cocu et périt assassiné par l'amant de sa femme.
Il avait épousé Ganéa, une femme très belle mais très volage, qui profitait des nombreuses absences de son mari pour coucher avec l'un de ses nombreux amants.
Au retour de l'une de ses expéditions militaires, Gengoux apprend par l'un de ses proches que son épouse" n'a pas vaincu en son cœur les désirs malhonnêtes d'où proviennent actes d'amour déréglé et autres volages excès. Mon bon seigneur, vous êtes cocu ! "
Gengoux n'en croit rien, mais, tout de même, ...décide, par acquit de conscience, de soumettre sa femme au jugement de l'ordalie.
Il l'amène près d'une fontaine , et lui dit : " Voici une eau limpide, ni trop froide, ni trop chaude pour nuire. Plongez-y votre bras et si vous n'en éprouvez aucun mal, vous serez innocentée à mes yeux."
Souriant de la naïveté de son mari, Ganéa plonge son bras dans l'eau jusqu'au coude...MAIS lorsqu'elle l'en retire, la peau se détache et pend, horriblement brûlée!
Gengoux aurait pu faire exécuter séance tenante sa femme, c'était dans les mœurs de l'époque, mais n'oublions pas qu'il est un saint . Il se contente de l'exiler dans l'un de ses châteaux.
Mais Ganéa, elle, n'est pas une sainte ! Elle est horriblement vexée et humiliée, et elle convainc l'un de ses amants, un nommé Théobald, de tuer son mari. La nuit suivante, Théobald se glisse dans la chambre du comte et lui plonge dans le ventre un long coutelas. Le crime accompli, il rejoint sa compagne.
C'est sans compter sur le châtiment divin ! Au petit matin, alors qu'il prend son petit-déjeuner, l'amant sent ses entrailles se déchirer. Pris de terribles coliques, il se vide lamentablement aux latrines et meurt.

Ce n'est pas fini : le lendemain, Ganéa assiste aux obsèques de son mari ( qui est un saint, ne l'oublions pas ) . On signale déjà des miracles sur sa tombe !
La veuve, qui a bien des défauts mais n'est pas hypocrite, s'écrie : " Des miracles ? Allons donc ! Mon mari fait des miracles comme moi je pète ! '
Elle a eu tort de dire cela : à partir de cet instant, chaque fois qu'elle veut parler, en guise de mots, ce n'est qu'une cascade de pets qui sort de sa bouche .
Cela devient très vite pénible pour son entourage et Pépin le Bref lui conseille de finir sa vie dans un couvent. Ce qu'elle fit !