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Le Serment de Strasbourg

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Message par Invité Mer 9 Mai - 19:17

Je viens de parler de littérature.
Donc, je donne l'exemple : vous avez ci-dessous un texte écrit en 842, en langue romane, ancêtre de l'ancien français . Certains historiens considèrent même ce texte juridique comme le plus ancien texte en français archaïque . Il fut écrit également dans une langue ( le tudesque ) qui est l'ancêtre de l'allemand .

Ce serment, prêté par les héritiers de Louis le Débonnaire, entérinait le partage définitif de l'empire carolingien.

Pour donner une idée de l'évolution de la langue française, qui est issue directement du bas-latin parlé surtout depuis le 4 ème siècle :

Latin classique :

Per Dei amorem et per christiani populi et nostram communem salutem, ab hac die, quantum Deus scire et posse mihi dat, servabo hunc meum fratrem Carolum, et ope mea et in quacumque re, ut quilibet fratrem suum servare jure debet, dummodo mihi idem faciat, et cum Clotario nullam unquam pactionem faciam, quae mea voluntate huic meo fratri Carolo damno sit.


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Latin parlé (vers le Vème siècle) :

Por Deo amore et por chrestyano pob(o)lo et nostro comune salvamento de esto die en avante en quanto Deos sabere et podere me donat, sic salvarayo eo eccesto meon fradre Karlo, et en ayuda et en caduna causa, sic quomo omo per drecto son fradre salvare devet, en o qued illi me altrosic fatsyat, et ab Ludero nullo plag(i)do nonqua prendrayo, qui meon volo eccesto meon fradre Karlo en damno seat.


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Texte en roman de 842 :

Pro Deo amur et pro christian poblo et nostro commun saluament, d'ist di in auant, in quant Deus sauir et podir me dunat, si saluarai eo cist meon fradre Karlo et in aiudha et in cadhuna cosa, si cum om per dreit son fradra saluar dift, in o quid il mi altresi fazet. Et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai qui, meon uol, cist meon fradre Karle in damno sit.


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Texte en germanique de 842 :

In Godes minna ind in thes christânes folches ind unsêr bêdero gehaltnissî, fon thesemo dage frammordes, sô fram sô mir Got geuuizci indi mahd furgibit, sô haldih thesan mînan bruodher, sôso man mit rehtu sînan bruodher scal, in thiu thaz er mig sô sama duo, indi mit Ludheren in nohheiniu thing ne gegango, the mînan uuillon imo ce scadhen uuerdhên.


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Français du XIème siècle (époque de Roland) :


Por dieu amor et por del crestiien poeple et nostre comun salvement, de cest jorn en avant, quan que Dieus saveir et podeir me donet, si salverai jo cest mien fredre Charlon, et en aiude, et en chascune chose, si come on par dreit son fredre salver deit, en ço que il me altresi façet, et a Lodher nul plait onques ne prendrai, qui mien vueil cest mien fredre Charlon en dam seit.


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Moyen français (XVème siècle) :


Pour l'amour Dieu et pour le sauvement du chrestien peuple et le nostre commun, de cest jour en avant, quan que Dieu savoir et pouvoir me done, si sauverai je cest mien frere Charle, et par mon aide et en chascune chose, si comme on doit par droit son frere sauver, en ce qu'il me face autresi, et avec Lothaire nul plaid onques ne prendrai, qui, au mien veuil, à ce mien frere Charles soit à dan.


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Français contemporain :



Pour l'amour de Dieu et pour le salut commun du peuple chrétien et le nôtre, à partir de ce jour, autant que Dieu m'en donne le savoir et le pouvoir, je soutiendrai mon frère Charles de mon aide et en toute chose, comme on doit justement soutenir son frère, à condition qu'il m'en fasse autant, et je ne prendrai jamais aucun arrangement avec Lothaire, qui, à ma volonté, soit au détriment de mon frère Charles.


Le "roman" du 9ème siècle donna l'ancien français, puis le moyen-français, le français du 16ème siècle et enfin le français moderne

le "germanique" ou tudesque - donna l'allemand.

Tout cela, bien sûr, à travers de dizaines de dialectes .

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Message par Invité Mer 9 Mai - 19:22

Le Serment de Strasbourg, écrit en 842, donne déjà un bon aperçu de l'évolution de la langue bas-latine vers la langue romane. Mais il s'agit d'un texte juridique, qui répond obligatoirement à certaines formes grammaticales , ce qui fait qu'il ne s'agit pas exactement du parler des gens du peuple.

La Cantilène de Sainte Eulalie, que voici ci-dessous, fut écrite vers 880, dans une ville se situant dans le nord de la France actuelle.
Vous avez en gras le texte original, et à droite la traduction généralement admise en français moderne. Le traducteur a d'ailleurs parfois hésité sur le sens de certains mots.
La "Cantilène de Sainte Eulalie", qui raconte le martyre d'une jeune fille chrétienne vivant à l'époque de l'empereur Maximien, est le plus ancien texte non juridique écrit dans une langue qui précède de deux siècles "la Chanson de Roland", une langue qui fait la transition entre la langue romane parlée en pays d'oïl et l'ancien français de la même région.


1. Buona pulcelle fut Eulalia ; 1. Eulalie était une bonne jeune fille ;


2. Bel avret corps, bellezour anima. 2. Son corps était beau, son âme plus belle encore.


3. Voldrent la veintre li Deo inimi ; 3. Les ennemis de Dieu voulurent la vaincre,


4. Voldrent la faire diavle servir. 4. Et lui faire servir le Diable.


5. Elle non eskoltet les mals conselliers, 5. [Mais] elle n'écoutait pas les mauvais conseillers


6. qu'elle Deo raniet chi maent sus en ciel. 6. [Qui voulaient] qu'elle renie Dieu qui demeure au ciel.


7. Ne por or ned argent ne paramenz, 7. Ni pour de l'or, ni pour de l'argent ou des parures,


8. Por manatce, regiel, ne preiement, 8. Ni pour des menaces, des caresses ou des prières,


9. Neule cose non la povret omque pleier [/ 9. Nulle chose ne pouvait forcer (plier)


10. [b]La polle sempre non amast lo Deo menestier
; 10. La fille à toujours n'aimer le service de Dieu.


11. Et por o fut presentede Maximiien, 11. Et pour cela, elle fut présentée à Maximien,


12. Chi rex eret a cels dis sovre pagiens . 12. Qui était en ces jours-là le roi des païens,


13. El li enortet, dont lei nonq chielt, 13. Il l'exhorte, sans qu'elle y prête attention


14. Qued elle fuiet lo nom chritiien. 14. [à ce] Qu'elle fuie le nom chrétien.


15.Ell' ent adunet lo suon element. 15. Elle en rassemble ses forces.



16. Melz sostiendreiet les empedemetz 16. Mieux [valût ?] qu'elle soutînt les tortures,


17. Qu'elle perdese sa virginitet. 17. Qu'elle ne perdît sa virginité.


18. Por o s'furet morte a grand honestet. 18. Pour cela elle mourrait en grand honneur.


19. Enz en l'fou la getterent, com arde tost. 19. Ils la jetèrent dans le feu pour qu'elle y brûle.



20. Elle colpes non avret, por o no s'coist. 20. Elle était sans pêché et pour cela ne brûla pas.


21. Aczo no s'voldret condreidre li rex pagiens ; 21. À cela, le roi païen ne voulut croire,


22. Ad une spede li roveret tolir lo chief. 22. Avec une épée, il ordonna de lui trancher la tête.


23. La domnizelle celle kose non contredist, 23. La demoiselle ne contredit pas cela,


24. Volt lo seule lazsier, si ruovet Krist. 24. Et accepta de quitter ce monde, si le Christ l'ordonnait.

25. In figure de colomb volat a ciel. 25. Sous la forme d'une colombe, elle monta au ciel.



26. Tuit oram que por nos degnet preier, 26. Tous prions que pour nous [elle ?] daigne prier,


27. Qued avuiset de nos Christus mercit 27. Que le Christ nous ait en sa pitié,

28. Post la mort, et a lui nos laist venir 28. Après la mort, et qu'à lui il nous laisse venir

29. Par souue clementia. 29. Par sa clémence.

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